Si notre précédente enquête confirmait le dynamisme du marché de l’emploi, cette nouvelle édition de notre étude ‘Ce que veulent les candidats’ montre au 1er trimestre 2023 une accentuation du phénomène de « grande rotation » et une tension accrue sur le marché du recrutement.

Alors que l’attention portée à l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle depuis la crise sanitaire est en léger recul, les envies de changement, d’évolutions de carrière se renforcent, en parallèle des aspirations à une meilleure rémunération, signes d’un fort dynamisme de l’emploi. Les salariés français se disent moins satisfaits de leur job actuel et sont de facto plus nombreux à se déclarer ouverts à de nouvelles opportunités professionnelles. La recherche de flexibilité reste en tendance croissante, soutenue par le débat autour de la semaine de 4 jours.

Voici 5 chiffres clés à retenir sur l’évolution des attentes des salariés en 2023.

1. La « grande rotation » bat son plein : 53% des salariés se disent en recherche active d’emploi ou à l’écoute de nouvelles opportunités (+7 points / Novembre 2022)

  • Focus jeunes (18-34 ans) : 67% (+12 points)
  • Focus seniors (45-65 ans) : 40% (+1 point)

infographie 1

Avec plus de la moitié des salariés sondés se disant en recherche active ou ouverts à de nouvelles opportunités, le phénomène de « Grande Rotation » bat son plein. Cette tendance au changement est particulièrement marquée chez les jeunes professionnels, puisqu’elle concerne plus de deux tiers des 18-34 ans.

Le désir de changement et de renouveau s’exprime très fortement en cette période printanière :

  • 27% des salariés sondés qui prévoient de changer d’emploi dans les 6 prochains mois aimeraient changer de cap, faire une reconversion professionnelle (+7 points / Novembre 2022)
  • 32% souhaitent changer de secteur d’activité

2. Une satisfaction professionnelle en baisse pour toutes les tranches d’âges : 69 % des salariés se disent satisfaits de leur job actuel (-8 points / Novembre 2022)

  • Focus jeunes : 71% (-13 points)
  • Focus seniors : 63% (-7 points)

INfographie 2

 

Si le sentiment de satisfaction pour son emploi actuel reste élevé, on constate un net recul par rapport à fin 2022 pour l’ensemble de la population active, alors que ce niveau de satisfaction était stable sur l’ensemble de l’année dernière (76% en mars 2022, 77% en novembre). La tranche des 18-34 ans connaît le recul le plus marqué (-13 points).

Les 3 premières raisons qui poussent les salariés à rester dans leur entreprise ne varient pas de novembre 2022 :

  • Un bon équilibre vie pro/ vie perso : 68% (-2 points)
  • Une ambiance de travail bienveillante : 55% (-3 points)
  • Une bonne entente avec son manager / ses équipes : 40% (-4 points)

La flexibilité offerte par l’entreprise (38%, +2 points) arrive en 4e position, suivies par l’intérêt des missions (28%, -3 points), la régularité des évolutions de salaire (28%, +2 points) et les perspectives d’évolution de carrière en interne (18%, stable).

Point notable, l’adhésion à la culture d’entreprise (20%) apparaît en forte hausse, gagnant 6 points par rapport à la fin d’année 2022.

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Le besoin d’équilibre de vie, de quête de sens, de bienveillance et d’entente au sein de l’entreprise, s’ils ne disparaissent pas, commencent à être moins prioritaires ; compte tenu, certainement, des nouveaux acquis de ces dernières années. Portés par un marché de l’emploi très favorable et un contexte qui leur offre de nombreuses garanties – en termes d’évolution, de rémunération, de flexibilité –, les salariés sont en confiance et apparaissent logiquement plus exigeants dans leur rapport au travail et offensifs dans leurs démarches de recrutement.

Matthieu Imbert-Bouchard, Managing Director de Robert Half International France

3. De nouvelles aspirations : 35% des salariés déclarent vouloir changer d’entreprise pour faire évoluer leur carrière et exercer davantage de responsabilités (+9 points)

  • Focus jeunes : 37% (+8 points)
  • Focus seniors : 28% (+9 points)

infographie 3

Alors que le critère de l’équilibre vie pro/ vie perso (cité par 53% des sondés, -9 points) arrivait jusqu’ici en première position des critères professionnels sur lesquels les salariés se disaient plus exigeants depuis la crise sanitaire, le salaire passe désormais en tête à 57% (+4 points).

En 3ème position, le critère de flexibilité laisse place à celui du temps de transport, à 38%. Vient ensuite le sens du travail pour 37% (-5 points) des sondés, puis la flexibilité pour 36% (-7 points) – un domaine où les avancées ont été particulièrement fortes depuis trois ans.

Concernant les raisons qui poussent les salariés français à vouloir changer d’entreprise, la volonté de faire évoluer sa carrière et d’exercer davantage de responsabilités (35%, +9 points) se hisse en 3ème position des raisons qui poussent les salariés à vouloir changer d’entreprise, et réalise la plus forte progression par rapport à novembre 2022. L’augmentation de salaire reste en première position (55%) en recul de 7 points par rapport à novembre 2022, tandis que l’équilibre vie pro / vie perso (35%, -3 points) et la quête de sens (24%, -4 points), apparaissent en légère baisse.

4. Une « guerre des talents » qui s’accentue : 40% des sondés ont été sollicités par des recruteurs au cours des 6 derniers mois (+7 points)

  • Focus jeunes : 60% (+10 points)
  • Focus seniors : 22% (+4 points)

infographie 5

Parmi les personnes sollicitées, 17% déclarent l’être plusieurs fois par jour, 35% plusieurs fois par semaine et 36% plusieurs fois par mois.

On remarque toutefois d’importants écarts selon les tranches d’âge : si 60% des 18-34 ans déclarent avoir été sollicités au cours des six derniers mois, ils ne sont plus que 22% sur la tranche des 45-65 ans. En dépit des débats importants autour de l’employabilité des seniors, on ne perçoit pour l’instant pas d’avancée majeure sur ce front.

Par ailleurs, 37% des salariés affirment encore ne pas avoir été sollicités au cours des six derniers mois, signe d’importantes disparités selon les métiers et les profils des candidats.

« Le phénomène de « guerre des talents » s’affirme très clairement ces derniers mois, et ces chiffres le confirme. L’enjeu de rétention pour les entreprises n’a en particulier jamais été aussi stratégique face à des salariés qui démontrent une insatisfaction croissante dans leur emploi actuel et qui hésitent moins à démissionner, comme le prouve le nombre record de démissions comptabilisées par le Ministère du Travail en 2022 », explique Matthieu Imbert-Bouchard.

5. La demande de flexibilité ne faiblit pas : 47% des salariés souhaiteraient la mise en place de la semaine de 4 jours (+4 points/ Novembre 2022)

  • Focus jeunes : 41% (+2 points)
  • Focus seniors : 49% (+5 points)

infographie 6

Si les enjeux de flexibilité et d’équilibre vie pro / vie perso apparaissent moins prioritaires au regard des avancées obtenues, les salariés français semblent toujours à l’écoute des innovations en termes d’organisation du travail.

L’idée d’une semaine de 4 jours, notamment adoptée en Belgique en novembre dernier et remis sur le devant de la scène par une expérimentation réussie au Royaume-Uni, continue de faire son chemin et se positionne en tête du classement des avantages souhaités en termes de flexibilité. Près d’un salarié français sur deux souhaiterait désormais sa mise en place. Viennent ensuite la flexibilité des horaires pour l’ensemble des collaborateurs (36%) et la possibilité de partir plus tôt le vendredi après-midi (33%, +5 points).

Parmi ces avantages, celui du nombre illimité de jours de congés annuels gagne aussi 9 points (20%), la plus grosse progression par rapport à l’enquête de novembre 2022.

Ces tendances s’appuient sur un sondage réalisé le 30 mars 2023 auprès d’un panel représentatif de 1 000 salariés français âgés de 18 à 65 ans.

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