Au moment de quitter une entreprise pour en intégrer une autre, la tradition tacite voulait que le collaborateur coupe les liens pour de bon avec son précédent employeur. Les lettres de démission étaient alors bien souvent reçues comme des lettres de rupture, même lorsque le départ s’effectuait dans de bonnes conditions. Et une fois la rupture consommée, les chances de se reconnecter étaient bien faibles.

Aujourd’hui, la donne a changé : dirigeants comme collaborateurs se laissent la possibilité de se retrouver à l’avenir. Pour les entreprises qui chassent leurs talents sur des marchés où la concurrence est particulièrement féroce, la stratégie consistant à réembaucher un ancien collaborateur peut s’avérer fructueuse. Quelques règles sont à respecter tout de même. Premièrement, l’employé doit avoir quitté l’entreprise en bons termes, il doit bien connaître cette dernière ainsi que la culture qui y règne. Toutes ces conditions permettent en effet de réduire le temps d’intégration nécessaire lors de son retour : c’est toute la différence entre acquérir de nouvelles habitudes et retrouver d’anciennes habitudes.

Le départ d’un collaborateur estimé

Si perdre un excellent élément est toujours un regret pour un dirigeant, le turnover est cependant inévitable, d’autant plus dans le contexte actuel, où le marché de l’emploi est particulièrement favorable aux candidats.

La rétention des talents doit se placer au cœur de la stratégie d’entreprise pour les prochains mois. « Encouragés par la pénurie de talents, certains profils très recherchés savent que le contexte est propice à de nouvelles opportunités ; d’autres aspirent à un changement de vie, que ce soit du fait d’un ras-le-bol, parfois d’un épuisement, ou d’une envie de se réinventer. Face à ce jeu de chaises musicales, les employeurs qui veulent attirer ou retenir n’ont pas d’autre choix que de répondre à certaines des attentes exprimées et donner davantage de sens à l’expérience qu’ils peuvent offrir », explique Noémie Cicurel, Directrice du recrutement Robert Half France.

En intégrant le recrutement boomerang à votre stratégie, vous vous donnez la possibilité de faire revenir des collaborateurs estimés au sein de votre entreprise. Pour cela, vous devez préparer le terrain. Lorsqu’un collaborateur prend une autre voie, en acceptant un poste ailleurs, en partant à la retraite, pour des raisons personnelles ou autre, et que son départ se fait en bons termes avec l’entreprise, assurez-vous d’anticiper les conditions d’un éventuel retour :

Faites savoir à votre employé que « ce n’est qu’un au revoir »

N’hésitez pas à exprimer votre volonté de retravailler avec lui à l’avenir. Vous pourriez tourner les choses ainsi : « Je vous souhaite le meilleur à votre futur poste. Si, pour une raison ou une autre, ce nouveau départ ne vous donnait pas entière satisfaction, sachez toutefois que je serais ravi d’évoquer avec vous l’éventualité de reprendre notre collaboration. »

Proposez-vous en tant que référence à contacter

Un employé sur le départ appréciera toujours un bon mot de son ancien employeur. En plus de témoigner de votre respect pour le travail de votre collaborateur, ce beau geste ne sera certainement pas oublié. Cet employé pourrait ne jamais revenir dans l’entreprise, mais cela ne signifie pas pour autant que vos efforts auront été vains. En effet, bien disposé envers vous, ce dernier sera davantage enclin à vous recommander ou à vous présenter à d’autres talents.

Gardez le contact

Le networking en ligne sur des sites professionnels tels que LinkedIn vous permet de rester en contact avec d’anciens collaborateurs. Pour garder le lien, il faut avant tout être régulier : contactez-les à des occasions particulières, par exemple pour les fêtes de fin d’année, afin de prendre de leurs nouvelles et de les tenir au courant des changements survenus au sein de votre entreprise.

Recrutement boomerang : le retour d’un ancien collaborateur

Avant de réintégrer un ancien employé, et même si vous êtes heureux de récupérer un talent inestimable, procédez méthodiquement : contactez son employeur comme vous le feriez pour un candidat que vous ne connaissez pas. En effet, il est bon de savoir ce qui n’a pas fonctionné à son nouveau poste, même si cet employé s’est tout simplement rendu compte qu’il préférait son ancienne entreprise.

Le processus de recrutement boomerang ne vous dispense donc pas de mener un entretien d’embauche formel et d’effectuer le processus d’intégration comme pour une nouvelle recrue. Enfin, même si ce collaborateur ne vous a quitté que pour une courte période, votre entreprise a sûrement traversé de nombreux changements depuis son départ : de nouveaux processus ont été mis en place, de nouvelles politiques sont désormais en vigueur, les équipes se sont renouvelées et les objectifs ont évolué. Ce sont autant de nouveautés auxquelles devra s’adapter votre candidat. De même, ce collaborateur pourrait avoir besoin d’une remise à niveau si vous avez récemment implémenté de nouveaux outils technologiques.

Le recrutement boomerang doit se faire en toute transparence avec les équipes

Si vous décidez un jour de réintégrer un ancien collaborateur au sein de l’entreprise, il est fortement recommandé d’en informer au plus vite votre équipe. Pour les employés qui sont restés fidèles à votre entreprise, le retour « providentiel » d’un ancien collègue peut créer une forme de ressentiment, notamment si ce départ a eu pour conséquence d’alourdir leur charge de travail.

Soyez attentif aux éventuelles préoccupations de votre équipe et encouragez-la à vous en faire part. Si ce retour s’impose à vous comme une évidence, gardez à l’esprit que ce n’est pas forcément le cas pour tous. C’est donc à vous de prendre le temps d’expliquer en quoi cette réintégration est un choix bénéfique pour l’entreprise comme pour les salariés. Dans le milieu professionnel où la comparaison est inévitable, le salaire reste un point de crispation important. Si vous réembauchez un collaborateur en lui proposant un salaire plus élevé qu’auparavant, assurez-vous que tous les membres de votre équipe sont rétribués à leur juste valeur. (Le Guide des salaires 2022 de Robert Half vous fournira quelques clés pour prendre votre décision.)

En conclusion, sur le marché de l’emploi où la concurrence est rude, cette méthode de recrutement peut vous permettre d’attirer des talents très recherchés dont vous connaissez déjà les compétences.

Vous recrutez ? On vous accompagne